J’ai découvert la masturbation vers l’âge de 9 ans, je
pense. Certains diront que c’est tôt, d’autre non. J’ignore s’il existe une
norme quant à l’âge convenable. J’ai toujours été une fille éveillée et avide d’apprendre.
Je n’ai pas souvenir que ma mère nous ait parlé de cette pratique. Elle nous a
bien sûr parlé de la sexualité en général, mais pas de la masturbation.
Je ne me souviens pas comment ça a commencé, comme pour la
plupart, je pense. Si enfant puis ado, je m’adonnais avec plaisir à la
masturbation, je n’y ai recours que pour des raisons « pratiques »,
depuis plusieurs années : manque de sexe ou insomnie.
Enfant et ado, j’avais une imagination débordante, et ne me
lassais pas de découvrir mon propre corps, d’essayer plein de choses pour
analyser comment je réagissais à tel ou tel stimulus. Cette exploration de moi
s’est atténuée avec les années, probablement parce que je me connais bien et
que la masturbation pour moi est un moyen d’arriver très rapidement à l’orgasme.
Bien sûr, il est arrivé qu’avec quelques-unes de mes exs,
nous l’incluions dans notre vie sexuelle, car il faut être honnête, c’est
foutrement bandant (oui, je suis vulgaire ce soir, mais j’avais envie).
Donc, depuis quelques années, mes séances de plaisir
solitaires sont très courtes et vont à l’essentiel. Je n’utilise pas d’objet,
je n’utilise pas mes doigts. Mais comment fait-elle, vous demanderez-vous !
Hé bien, depuis bien des années maintenant, mon duvet est mon donneur d’orgasme.
Il suffit que je me positionne de la bonne manière, que je me frotte contre lui
avec la bonne intensité, et je suis vite à l’apogée, avant de m’endormir,
appaisée.
Ce soir, j’ai pris le temps, ce soir, j’ai utilisé des
accessoires. Pourquoi ? Parce que ce soir, j’avais envie de me faire
plaisir, je n’avais pas envie que ce soit juste utilitaire. J’y ai pensé cet
après-midi, ma libido est terriblement descendue ces 2-3 dernières semaines, et
pour moi, c’est une première, le sexe étant une importante part de ma vie. Et
quelque chose m’a frappée. Le dernier orgasme de la mort, celui qui vous laisse
pantelante, celui qui vous empêche de bouger, celui où même un effleurement sur
la cuisse vous fait crier, celui qui vous laisse déshydratée, et bien, je n’en
ai plus eu depuis Ca. Elle et moi étions super compatible sexuellement. Et c’était
souvent l’extase avec elle.
Evidemment, depuis que nous nous sommes séparées en octobre
2009, j’ai eu des amantes, et j’ai eu de très bons orgasmes, mais jamais plus d’une
telle intensité, même si elle a été frôlée parfois. Le manque de pratique de
mon amante, ou mon état d’esprit, ou mes sentiments pour elle, ou son manque d’écoute
de mon corps, ou sa course à la performance, ou mon manque de confiance en mon
amante ont fait que je ne suis plus jamais arrivée à cette explosion qui vous
fait tourner la tête.
Ce soir, j’ai décidé que j’utiliserai un gode et petit
vibro. Ce soir, j’ai eu envie de me réapproprier mon corps, plus que je ne l’avais
déjà fait depuis février (je dois laisser ça à Fl, grâce à elle je dors
maintenant nue, et me réconcilie peu à peu avec mon corps, merci à elle).
Je me suis couchée, je me suis caressée le corps, réappris
ce qui me faisait réagir, puis, une fois suffisamment humide, j’ai poussé le
gode à l’entrée de mon vagin, qui s’est ouvert naturellement comme s’il
accueillait un compagnon perdu de vue depuis trop longtemps. J’ai enclenché mon
vibro sur une petite vitesse et l’ai posé contre mon clitoris, qui a frémi,
plus habitué à ce genre de sensation. Les mouvements de va et vient de mon gode
additionnés à la vibration que j’augmentais m’ont fait décoller. Et j’ai trouvé
ça tellement bon, et ça m’avait manqué.
Ce soir, j’ai pris mon temps, je me suis occupée de moi
comme je me suis occupée d’autres filles ces six dernières années, comme j’aurais
voulu que certaines s’occupent de moi ces six dernières années. Et ce soir, je
me sens bien, comme je ne me suis pas sentie bien depuis longtemps. Et je pense
que ça n’a rien à voir avec ma séance de plaisir solitaire, je pense que ça a déclenché
en moi un genre de déclic qui me dit que je dois nettement plus écouter mes
désirs et agir selon eux.