Il y a quelques temps, j'ai fait la connaissance d'une jeune femme, par le biais d'une annonce.
Ses écrits me plaisaient, son vocabulaire, sa maturité, ses références cinématographiques, ses analyses de textes, sa façon de voir la vie, le fait qu'elle soit gameuse. Beaucoup de choses m'ont attirées chez elle.
Je me suis méprise sur son âge, j'ai été impressionnée de découvrir qu'elle avait 12 ans de moins que moi, pour autant, ça ne m'a pas effrayée.
Nous avons fini par nous rencontrer, et la première fois, nous avons passé plus de douze heures ensemble. Contrairement à ce que vous pouvez peut-être croire, rien ne s'est passé, nous avions simplement rendez-vous à 8h30, un samedi matin.
Nous avons passé une excellente journée, avons beaucoup ri, avons beaucoup partagé. Elle m'a fait part d'une expérience traumatisante qu'elle a vécue il y a deux ans et qui l'a laissée avec une peur du contact physique.
Lorsqu'elle m'a raconté ce qu'il lui était arrivé, mes larmes ont coulé sans que je puisse rien y faire, et je lui ai promis que je ferai très attention, car étant tactile de nature, mes gestes viennent naturellement.
Aujourd'hui, cependant, je me sens mal.
Nous avions rendez-vous en fin de matinée, je devais la rejoindre à son travail. J'ai passé un très mauvais trajet (entre mal des transports et crise d'angoisse). Et elle a été tellement choue, s'est tellement inquiétée pour moi qu'au lieu de me déposer à une gare, elle a préféré me ramener chez moi, où nous avons passé le reste de l'après-midi.
Je l'ai sentie en confiance, au début, et j'étais tellement reconnaissante que je n'ai pensé à ses difficultés de contact que bien après. Résultat, j'ai été particulièrement tactile avec elle, et quand elle est partie, en voyant son malaise, j'ai percuté.
Je me suis immédiatement excusée, elle m'a répondu qu'elle n'était pas en sucre, et qu'on se verra quand même vendredi. Je me sens pourtant coupable.
Pour le moment, elle ne veut que mon amitié, mais je sais qu'elle se sent bien en ma compagnie. Je n'ai pas envie de la brusquer, et si rien ne se passe entre nous, j'aurai quand même gagné une super amie.
Je crois que je préfère presque les choses ainsi, de m'emporter et m'attacher trop vite, comme je le fais presque toutes les fois, ne m'a valu que des claques dans la gueule au final.
On verra ce que tout ça donnera, on se voit ce week-end puis le week-end prochain. En un mois et demi, elle m'a vue plus souvent qu'elle ne voit ses amis car elle me dit qu'elle se sent à l'aise avec moi. J'en suis très flattée, et j'espère de tout coeur que je ne vais pas la décevoir.
Un petit peu de mon monde, de mes bonnes et mauvaises humeurs d'hier et d'aujourd'hui, de mon histoire. Un peu de ma vie de femme de couleur, adoptée, lesbienne, phobique sociale et émétophobe.
mardi 17 mai 2016
lundi 2 mai 2016
T'es émé quoi?????
Emétophobe. Je m’en suis rendue compte en 1998 et n’ai pu
mettre un nom dessus que des années plus tard, autour de 2001, grâce à internet et aux forums
en ligne.
Avant ça, je pensais être la seule assez débile pour avoir
une peur panique de vomir.
Evidemment, comme tout le monde, voir (ou entendre) quelqu’un vomir me dégoûte et me
soulève l’estomac, mais chez moi, ça va plus loin. Les rares fois où j’ai été malade,
toute la phase avant, j’ai été en totale panique, à transpirer, à avoir mon cœur
qui bat plus vite, à préférer mourir que vomir. Alors oui, comme toute
phobie, c’est totalement irrationnel, surtout quand on pense que je ne vomis
presque jamais, et que c'est un mécanisme naturel de notre corps qui nous empêche de nous empoisoner. Peut-être que mon corps le sait, et qu’il fait en sorte que se
soit mes intestins qui se rebellent et non pas mon estomac.
La dernière fois que j’ai vomi, c’était en décembre 2003. Je
vivais avec Ma à ce moment-là, j’avais été patraque toute la journée mais je
suis quand même partie au boulot. Et là, travailler en cuisine alors qu’on a
des nausées, c’est vraiment pas le top. J’ai résisté du mieux que j’ai pu, puis
je me suis précipitée aux toilettes pour littéralement vider mes intestins. A peine
avais-je tiré l’eau que je me suis mise à avoir des hauts le cœur. J’ai cru que
je mourais sur place, d’autant plus que je n’étais pas chez moi mais sur mon
lieu de travail. J’ai pu finalement me retenir, ma patronne m’a conduit chez
moi, et arrivée chez moi, j’ai couru à la salle de bain, suppliant Ma d’appeler
ma famille (sûre que j’étais que j’allais mourir et qu’il fallait absolument
que je leur parle), elle a appelé tout le monde, en vain, alors que je pleurais dans la salle de bain, à genoux devant les toilettes. Finalement, c’est sorti,
je suis bouché les oreilles, j’ai fermé les yeux, Ma était derrière moi, malgré
mes supplications qu’elle me laisse seule, elle a pris soin de moi, elle a tiré
la chasse d’eau à chaque fois.
Après ça, je me suis sentie bien, soulagée, plus du tout
patraque. Quelques jours tard, Ma a été malade à son tour. Elle m’appelait
depuis la salle de bain et moi, je m’étais enfermée dans notre chambre, parlant
très fort et me bouchant les oreilles.
Sur internet, j’ai vu que beaucoup de personnes souffrent de
cette peur, il semblerait qu’elle soit très répandue : http://bit.ly/1SGuXpa et
http://bit.ly/1SV6Ou2
Contrairement à beaucoup de ces personnes soufrant de cette phobie, je ne fais
pas attention à ce que je mange, probablement parce que vu ma formation, je
connais suffisamment les aliments pour savoir s'ils sont encore consommables ou non, en revanche, je ne vais plus sur les manèges
alors que j’adorait ça, je n’ai plus osé prendre l’avion, les transports en
commun sont pour moi un énorme problème, même si ça va un peu mieux qu’il y a quelques
années, je supporte très mal la voiture si ce n'est pas moi qui conduits (et encore, il y a parfois où je ne suis pas bien même si je suis conductrice). Le soucis, c’est que lorsque j’ai des nausées, je fais des crises de
panique, et ces crises de panique me filent la nausée, un charmant cercle
vicieux.
Comme pour toutes les phobies, je sais que c’est l’exposition
qui m’en guérira. J’avoue ne pas être pour, ma peur étant trop forte.
Cependant, en début d’année passée, lors d’une soirée avec une fille, chez
elle, j’ai abordé un sujet qui l’a touchée et elle est du genre à somatiser. Elle
m’a soudain dit qu’elle avait envie de vomir. Normalement, je me serais enfuie,
mais me sentant terriblement coupable, je suis restée, je l’ai même entendue,
et j’ai pris soin d’elle ensuite. Comme première exposition, je m’en suis pas
si mal sortie.
Et comme pour toutes les phobies, c'est souvent mal compris, commenté, moqué. Combien de fois ai-je entendu que c'était stupide, que c'était quelque chose de naturel, que je n'allais pas en mourir, que j'exagérais? Oui, je sais tout ça, mais la peur irrationnelle prend le dessus et je ne peux plus rien faire de sensé.
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