mercredi 17 juin 2015

Se réjouir du bonheur des autres?

Mon frère se marie demain. Je suis évidemment très contente pour lui, sa relation dure depuis huit ans, ça paraissait l’étape logique. Ils s’aiment depuis si longtemps, et je trouve ça adorable. J’adore mon frère et ma belle-sœur est comme une sœur pour moi, et je suis vraiment ravie pour eux deux.

Cependant, une part de moi les envie, les jalouse. Je sais que c’est minable, mais je pense que c’est humain. Bien sûr que je me réjouis de leur bonheur, mais je ne peux m’empêcher de penser à mon bonheur… Où est-il ? Dois-je le chercher, lui courir après, ou le laisser me surprendre ? Je suis jalouse également car je suis l’aînée, et je n’ai jamais vécu de relations longue durée. Je suis restée une année et demie avec une de mes exs, c’est mon record, et c’est pathétique. Pourtant, il ne me semble pas ne pas savoir aimer, je suis quelqu’un de doux, d’affectueux, de présent. Peut-être trop, et c’est pour ça que rien n’a jamais duré.

J’ai un âge où je désire m’installer, avoir une vraie relation, avec ses hauts, ses bas, pouvoir partager plein de petits moments avec l’être aimé. Voyager, emménager, fonder une famille. Et plus les années passent, plus je me dis que je ne trouverais pas la femme qui vieillira avec moi. Oui, bien sûr, comme ça, j’ai l’air défaitiste, mais je suis sortie avec un nombre assez élevé de femmes, et dans ce nombre, je me suis imaginé un futur avec seulement deux d’entre elles.

vendredi 5 juin 2015

Chantage affectif

En 1999, j'ai fait la connaisse de Sy, par hasard, dan un magasin de location de vidéos. Oui, à l'époque, c'était encore des vidéos.

Elle recherchait une comédie romantique dans laquelle deux femmes tombaient amoureuses l'une de l'autre.

A ce moment-là, j'ai su qu'elle était lesbienne (bien qu'elle ne l'assume que moyennement). Bref, du haut de mes 18 ans, j'étais ravie de voir et parler avec une femme comme moi. Le magasin de vidéo n'avait pas le film qu'elle demandait, mais moi oui, et je lui ai proposé de le lui prêter. Et c'est ainsi que nous avons fait connaissance. C'était la première lesbienne que je rencontrais et j'en suis tombée folle amoureuse. Elle était célibataire, j'ai pensé avoir mes chances, à l'époque. Seulement, elle ne me voyait que comme une jeune gamine. Quand on a 18 ans, huit ans d'écart, c'est énorme. Et du coup, jamais rien ne s'est passé entre nous.

Nous sommes amies depuis seize ans. Sy est quelqu'un de gentil, agréable, sympa, cultivée et intelligente. Le hic, c'est qu'elle a d'énormes problèmes psy. Depuis que je la connais, elle a fait six tentatives de suicides (avec des médicaments). Elle a été diagnostiquée borderline et dépressive, et est suivie par une psy et une infirmière à domicile.

En soi, ses maladies ne m'ont jamais dérangée, mais là, il y a eu une ligne de franchie: je n'ai presque pas eu de nouvelles d'elle depuis janvier, car elle a une copine qui lui fait d'énormes crises de jalousie. Quand Fl m'a quittée, Sy n'a pas été là pour moi, c'est à peine si elle m'a demandé comment j'allais. Or, depuis un mois et demi maintenant, Sy a repris contact avec moi, car elle besoin de moi. Elle fait des angoisses, et elle m'appelle à l'aide pour aller promener son chien, l'aider à faire son ménage, aller chercher des courses ou des médicaments à sa place. J'avais toujours accepté, étant de nature à aider les gens et ne voulant pas qu'elle me prenne pour un monstre.

Mais aujourd'hui, j'ai dit stop. J'ai ma vie, j'ai mes soucis comme tout le monde, j'ai des engagements que je ne vais pas lâcher pour elle. Aujourd'hui, malgré ses "je t'en prie, ne me laisse pas comme ça" ou ses "je n'ai que toi vers qui me tourner", etc., aujourd'hui, je lui ai dit non. J'ai contacté sa psy, n'ayant pas le numéro de son infirmière à domicile (elle n'a jamais voulu me le donner). Aujourd'hui, malgré le chantage affectif, j'ai su lui dire non, lui dire stop, lui dire que ce n'était pas mon rôle, qu'en tant qu'amie, j'avais quand même des limites. Elle m'en voudra, c'est certain, mais elle ne me le dira jamais, elle n'aime pas les conflits. Elle se contentera du silence radio (ce n'est pas la première fois). J'en ai juste marre qu'elle se rappelle de moi juste quand elle en a besoin, marre qu'elle me dise "tu m'abandonnes" lorsque je trouve un travail, ou que je lui dit que j'ai envie de changer de ville, de canton.

Aujourd'hui, j'ai tenu bon, je lui ai tenu tête et c'est peut-être con et vaniteux, mais j'en suis extrêmement fière.

mercredi 3 juin 2015

Ce soir, je pleure

Il y a exactement deux semaines, Fl. m'a contactée par mail. J'avais répondu à une de ses annonces sans savoir que c'était elle, un mois auparavant je crois.

J'ai été surprise mais heureuse d'avoir de ses nouvelles. Nous avons parlé via mail, puis nous avaons passé du temps sur Whatsapp. Et nous nous sommes revues, rapidement. Elle est amoureuse, elle est en couple, mais lorsque nous nous sommes revues, il y a eu du désir entre nous. On a passé une soirée ensemble, j'ai dormi chez elle, dans son lit, et ça a clairement été une erreur. Malgré ce que je pensais, j'ai eu très envie d'elle, et j'ai été très entreprenante. Elle a dit non, elle est restée fidèle, mais m'a fait comprendre que je lui avais manqué de respect, ce qui n'était pas faux. En même temps, j'avoue ne pas avoir eu de scrupules, étant donné que son copain actuel a couché avec elle alors que nous étions "ensemble". Oui, j'étais au courant depuis que Fl et moi nous connaissions, elle m'en avait parlé et ne m'a jamais rien caché, seulement, ça fait mal, à l'égo, et ça fait mal tout court. Peut-être que si ça avait été un autre homme, j'aurais été plus sage, mais je ne le saurai jamais.

J'ai pu aller voir sa pièce de théâtre, je l'ai trouvée incroyable et magnifique. On s'est revue lundi soir, car je lui ai proposé d'être là pour elle, son copain étant parti le jour-même et elle était triste. J'ai fait attention, je ne l'ai pas touchée, j'ai été distante et forcément, plus froide que d'habitude. Elle me l'a fait remarqué.

Elle est en plein période de révisions et d'examens et je lui ai proposé de passer chez elle aujourd'hui pour lui faire à manger pour quelques jours, elle a accepté. Dans la journée, alors que nous étions posées sur le canapé, elle a fait un commentaire sur la chaleur, je lui ai demandé si elle n'avait pas quelque chose de plus léger à mettre, ce à quoi elle a répondu non. Et j'ignore ce qui m'a pris, je lui ai dit de se mettre en sous-vêtements. C'était déplacé et évidemment que j'ai honte.

Je suis rentrée chez moi il y a peu, et elle m'a dit qu'elle ne voulait plus me voit ni communiquer avec moi (pas en ces termes mais c'est ce que ça signifiait).

J'était contente de l'avoir à nouveau dans ma vie, j'appréciais son intelligence, sa culture, son humour, étonnamment, nous avions quelques points communs. Et ce soir, pour la deuxième fois, je me suis faite jetée par Fl. Je ne peux pas être sa petite-amie, et je ne peux pas être son amie.

Je pensais vraiment qu'on aurait pu, elle n'est pas du même avis. Je n'avais plus été amoureuse depuis 2004, le fait de tomber amoureuse d'elle m'a pris par surprise, et je me rends compte que je ne suis pas faite pour aimer ni pour être aimée. J'ai précipité les choses, je l'ai étouffée, effrayée, et peut-être qu'elle a des sentiments pour moi, comme elle me l'a dit, mais comme elle me l'a dit aussi, elle ignore la nature de ces sentiments et ne veux pas y réfléchir car pas sain. De plus, avec ses exas, elle a autre chose à penser.

Elle aura été une belle rencontre, c'est dommage que ça se termine ainsi. J'aurais pu être son amie, j'aurais peut-être pu être plus que ça, un jour. Mais je ne serai rien, finalement.

lundi 1 juin 2015

L'Enfer

En février 2007, trois ans après des évènements tragiques, qui parfois hantent encore mes cauchemars, j'ai écrit ce texte. Quand je me sentirai prête à en dire plus, j'expliquerai pourquoi j'ai écrit ce texte. A l'époque, je n'avais pas su trouver de titre plus adéquat, je n'ai toujours pas trouvé.
 
 
 
L’enfer

 
Un rayon de soleil traversa la chambre, et son visage fut inondé. Elle cligna des yeux et les ouvrit péniblement. Se lever lui demanda un effort considérable, et à peine fut-elle debout que le plancher se déroba sous elle. Elle eut juste le temps de se rendre dans la cuisine et de se pencher sur l’évier avant que tout ce qu’elle avait ingurgité la veille ne remonte. Elle fit couler de l’eau afin d’évacuer ses vomissures, puis s’assit à même le sol. Le carrelage froid lui fit du bien, en ce chaud  après-midi de juillet. Encore un de ces lendemains d’hier, pénible, vacillant. Ces jours-là, elle n’avait plus ses repères, bien qu’au fond, elle n’ait jamais vraiment eu de repère… Elle leva la tête, cherchant la pendule murale. 15h00 déjà, elle se décida pour une douche réparatrice, puis si son corps le permettait, un petit footing dans la forêt.

 

L’eau qui coulait agissait pour elle comme une purification. A vingt-cinq ans, sa vie n’était qu’excès, alcool, drogues, elle prenait tout ce qui pouvait lui faire échapper à l’enfer d’être vivante. Pourtant, dans son mode de vie apparaissait un grand paradoxe, car si toutes les nuits, elle cherchait la mort,  le jour venu, elle prenait soin d’elle, faisait du sport, mangeait équilibré… En réalité, elle ne cherchait pas vraiment la mort, elle souhaitait simplement que cette souffrance cesse, et jusqu’à maintenant, les paradis artificiels étaient les seuls échappatoires qu’elle avait trouvés.

 

Elle sortit de la douche, et entourée de son linge de bain, elle s’approcha de son lavabo. Le miroir qui le surplombait était tout embué ; d’un geste de la main, elle essuya la vapeur, et se regarda. Elle se trouva face à deux magnifiques yeux noirs, deux perles qui avaient perdu leur étincelle. A quand cela remontait ? Un an, peut-être deux, elle n’était plus sûre de rien. Une éternité en fait. Depuis la perte de Cassie.

 

Quand l’avait-elle perdue ? Elle ne le savait plus trop, mais l’avait-elle vraiment eue, ou bien n’avait-elle que rêvé ? Non, pas un rêve, elle se souvenait encore de son odeur, de sa douceur, de son rire si chaleureux. De son regard, coquin, joueur, amoureux. Oui, elle l’avait aimée, toutes ces étreintes passionnées, toutes ces nuits câlines, tous ces moments de complicité, elle ne les avait pas simulés. Mais alors pourquoi ? Parce qu’elle avait été jalouse, parce qu’elle sentait que Cassie lui échappait, lui mentait. Elle ne l’avait vu que trop tard, et elle n’avait pas su y faire face.

 

Cassie, son bel amour, son premier amour, cette femme qu’elle a retrouvée après toutes ces années de silence. Comment en étaient-elles arrivées à vivre cet amour, elles que tout opposait ? Leur vieille amitié ? Leur évidente attirance, qui avait traversé les années sans prendre une ride ? Elle l’ignorait, mais, irrémédiablement, elles s’attiraient, se complétaient. Tant de passion, de feu, de sensualité, de complicité. Et Cassie avait douté… Elle avait agi avant de réfléchir, et pour échapper à son père, elle avait proposé d’emménager avec elle. Les doutes étaient venus, mesquins, vicieux, tapis dans son cœur depuis des années, et que son entourage alimentait… Elle n’avait rien pu y faire, elle avait assisté, impuissante, à la dérive de son amante. Elle retournait vers les hommes, parce que son Eglise le voulait, parce que ses amis le voulaient. Et Cassie, s’était-elle demandé ce qu’elle désirait ?  Les crises étaient arrivées, les confrontations, les mensonges de Cassie, les scènes de ménages, les retrouvailles, puissantes, charnelles, faites de promesses. Elle aimait tellement Cassie, elle ne supportait pas de la voir partir, se détourner d’elle. Et elle avait franchi la limite. Elle ne se souvient plus quand exactement, un peu après nouvel an peut-être, un soir, un matin, elle ne saurait le dire, mais elle se souvient de sa tristesse, de son désespoir, et de sa rage. D’où venait-elle, cette rage ? Elle ne l’avait jamais eue auparavant, pourtant, Cassie n’était pas la première femme qu’elle aimait. Elle d’habitude si douce, si tendre, elle se retrouvait face à ses pulsions, si violentes, si destructrices. Et Cassie avait pris les coups, rapides, meurtriers presque. A chaque mensonge, des coups en retour. Les crises étaient terribles, les murs tremblaient, et sa fureur se décuplait alors. Elle avait essayé de retourner les coups contre elle, ou contre le mobilier, mais à chaque tentative, Cassie s’interposait…

 

C’était il y a quoi ? Un an ? Deux ans ? Peu importe, plus jamais cet enfer, plus jamais cette haine, plus jamais cette souffrance…

 

Une larme roula sur sa joue, alors que son cœur cessait de battre…