vendredi 5 juin 2015

Chantage affectif

En 1999, j'ai fait la connaisse de Sy, par hasard, dan un magasin de location de vidéos. Oui, à l'époque, c'était encore des vidéos.

Elle recherchait une comédie romantique dans laquelle deux femmes tombaient amoureuses l'une de l'autre.

A ce moment-là, j'ai su qu'elle était lesbienne (bien qu'elle ne l'assume que moyennement). Bref, du haut de mes 18 ans, j'étais ravie de voir et parler avec une femme comme moi. Le magasin de vidéo n'avait pas le film qu'elle demandait, mais moi oui, et je lui ai proposé de le lui prêter. Et c'est ainsi que nous avons fait connaissance. C'était la première lesbienne que je rencontrais et j'en suis tombée folle amoureuse. Elle était célibataire, j'ai pensé avoir mes chances, à l'époque. Seulement, elle ne me voyait que comme une jeune gamine. Quand on a 18 ans, huit ans d'écart, c'est énorme. Et du coup, jamais rien ne s'est passé entre nous.

Nous sommes amies depuis seize ans. Sy est quelqu'un de gentil, agréable, sympa, cultivée et intelligente. Le hic, c'est qu'elle a d'énormes problèmes psy. Depuis que je la connais, elle a fait six tentatives de suicides (avec des médicaments). Elle a été diagnostiquée borderline et dépressive, et est suivie par une psy et une infirmière à domicile.

En soi, ses maladies ne m'ont jamais dérangée, mais là, il y a eu une ligne de franchie: je n'ai presque pas eu de nouvelles d'elle depuis janvier, car elle a une copine qui lui fait d'énormes crises de jalousie. Quand Fl m'a quittée, Sy n'a pas été là pour moi, c'est à peine si elle m'a demandé comment j'allais. Or, depuis un mois et demi maintenant, Sy a repris contact avec moi, car elle besoin de moi. Elle fait des angoisses, et elle m'appelle à l'aide pour aller promener son chien, l'aider à faire son ménage, aller chercher des courses ou des médicaments à sa place. J'avais toujours accepté, étant de nature à aider les gens et ne voulant pas qu'elle me prenne pour un monstre.

Mais aujourd'hui, j'ai dit stop. J'ai ma vie, j'ai mes soucis comme tout le monde, j'ai des engagements que je ne vais pas lâcher pour elle. Aujourd'hui, malgré ses "je t'en prie, ne me laisse pas comme ça" ou ses "je n'ai que toi vers qui me tourner", etc., aujourd'hui, je lui ai dit non. J'ai contacté sa psy, n'ayant pas le numéro de son infirmière à domicile (elle n'a jamais voulu me le donner). Aujourd'hui, malgré le chantage affectif, j'ai su lui dire non, lui dire stop, lui dire que ce n'était pas mon rôle, qu'en tant qu'amie, j'avais quand même des limites. Elle m'en voudra, c'est certain, mais elle ne me le dira jamais, elle n'aime pas les conflits. Elle se contentera du silence radio (ce n'est pas la première fois). J'en ai juste marre qu'elle se rappelle de moi juste quand elle en a besoin, marre qu'elle me dise "tu m'abandonnes" lorsque je trouve un travail, ou que je lui dit que j'ai envie de changer de ville, de canton.

Aujourd'hui, j'ai tenu bon, je lui ai tenu tête et c'est peut-être con et vaniteux, mais j'en suis extrêmement fière.

2 commentaires:

  1. Euh... joker! juste pour info...

    moi aussi, l'idée que tu quittes la ville ne m'emballe pas trop. Mais bon, le taf, c'est important et il faut bien que tu construises ta vie.

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  2. Oh tu es chou, mais au début, je pense faire les trajets, donc je serai encore dans les parages un bon moment ;-)

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