dimanche 11 octobre 2015

Coming out day, ou de l'importance de sortir du placard (pour moi en tout cas)

Aujourd'hui, c'est la journée internationale du coming out.

Un peu partout, les associations LGBT ont organisé des manifestations publiques, ou mis un mot sur leur page Facebook, Twitter et autre.

J'ai fait mon coming out auprès de mes amis en juillet 2000. Ils ont été adorables et m'ont dit que ça ne changeait rien, qu'ils m'aimaient. Mais finalement, j'étais la même personne qu'ils connaissaient depuis plus de dix ans.

J'ai fait mon coming out auprès de ma famille en février ou mars 2002. Pourquoi je l'ai fait? Par respect pour moi, par respect pour ma copine, parce que je ne voulais pas me cacher, parce que je n'avais absolument pas honte de ma sexualité.

Je sais que je suis lesbienne depuis toujours. J'avais 11 ans quand j'ai pu mettre un nom dessus, mais je me souviens de rêves "érotiques" qui incluaient des femmes bien avant ça.

J'ai accepté assez tôt ma sexualité, mais l'ambiance à la maison étant ce qu'elle était, je n'en ai pas parlé tout de suite. Et puis j'ai eu la chance de partir de chez mes parents relativement tôt (19 ans).

J'ai découvert internet et ses tchats. J'y ai fait la connaissance de ma première copine et après une semaine que nous étions ensemble, je lui ai dit que je voulais l'annoncer à mes parents. Elle a pas mal flippé. Notre différence d'âge l'effrayait, le qu'en dira-t-on (j'avais 21 ans et elle, 31 ans). Ma mère et bon beau-père ayant vingt ans de différence, ce n'est pas ça qui m'inquiétait. A vrai dire, rien ne m'inquiétait. Je ne voulais simplement pas parler de ma copine en disant "il". En plus, c'est le truc à se planter une fois. Je ne voulais pas mentir sur qui j'étais, je ne voulais pas me cacher, je n'avais pas honte, je savais que je n'étais pas malade, je savais que je n'étais pas la seule fille homo au monde.

Donc un vendredi à midi, alors que toute ma famille proche était à table, j'ai attendu que tout le monde ait terminé de dîner et j'ai dit que ça faisait une semaine que je sortais avec quelqu'un. Ma mère, assise à côté de moi, s'est tourné vers moi et m'a dit "et c'est une fille", ce à quoi j'ai répondu par l'affirmative. Elle a ajouté que ça ne faisait que confirmer ce dont elle se doutait depuis longtemps. Bah oui, 21 ans et jamais ramené de mec à la maison...

Ma famille proche l'a bien pris. Mes parents ont rencontré presque toutes les femmes qui ont compté dans ma vie. Elles ont été invitées pour les repas de famille, pour les noël, les anniversaires, au même titre que la copine de mon frère.

La famille élargie ne m'a jamais rien dit et il est arrivé qu'elle rencontre une de mes copines à l'occasion. Seul le père de ma mère n'a jamais accepté et a eu un comportement exécrable.

Mes parents m'ont dit un jour que ça n'avait jamais été une option de ne pas accepter car ça aurait signifié ne plus me voir. Ils n'ont pas tort.

Cependant, je dois dire que j'ai eu de la chance. Mes parents ont toujours été ouverts sur les questions de la sexualité. De plus, le compagnon de ma grand-mère avait cinq enfants de son précédent mariage et le plus jeune est gay, il a été invité plus d'une fois chez mes parents, avec son compagnon, lorsque j'étais enfant. Et par conséquence, l'homosexualité n'a jamais été vue comme une maladie ou quelque chose de honteux.

Mais je pense aussi à tous ceux qui n'osent rien dire, de peur du regard des gens, du regard de leur famille, de peur de la violence à leur encontre, de la haine, du rejet. Je pense aux enfants qui ont été emmenés aux cortèges de La Manif Pour Tous et autres mouvements du même genre, et qui n'oseront jamais parler à leurs parents si un jour ils se rendent compte qu'ils sont homos. Je pense aux adultes qui se sont mariés pour faire comme tout le monde et qui sont profondément malheureux. J'espère qu'un jour, tous ces gens auront le courage d'être qui ils sont.

2 commentaires:

  1. Garder le secret, devoir se cacher lorsqu'on vit une histoire d'amour ne font que des bleus à l'âme. C'est bien que tu aies pu en parler et que l'info est plutôt bien passée.

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    1. Je pense souvent aux personnes qui ont été mises à la porte parce que différente. J'avais l'avantage d'être déjà indépendante. Et ma famille proche s'en doutait depuis longtemps. Et je dois dire que je n'aurais eu aucun mal à ne plus les voir s'ils n'avaient pas accepté cette part de moi.

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