L’enfer
L’eau qui coulait agissait pour elle comme
une purification. A vingt-cinq ans, sa vie n’était qu’excès, alcool, drogues,
elle prenait tout ce qui pouvait lui faire échapper à l’enfer d’être vivante.
Pourtant, dans son mode de vie apparaissait un grand paradoxe, car si toutes
les nuits, elle cherchait la mort, le
jour venu, elle prenait soin d’elle, faisait du sport, mangeait équilibré… En
réalité, elle ne cherchait pas vraiment la mort, elle souhaitait simplement que
cette souffrance cesse, et jusqu’à maintenant, les paradis artificiels étaient
les seuls échappatoires qu’elle avait trouvés.
Elle sortit de la douche, et entourée de
son linge de bain, elle s’approcha de son lavabo. Le miroir qui le surplombait
était tout embué ; d’un geste de la main, elle essuya la vapeur, et se
regarda. Elle se trouva face à deux magnifiques yeux noirs, deux perles qui
avaient perdu leur étincelle. A quand cela remontait ? Un an, peut-être
deux, elle n’était plus sûre de rien. Une éternité en fait. Depuis la perte de
Cassie.
Quand l’avait-elle perdue ? Elle ne le
savait plus trop, mais l’avait-elle vraiment eue, ou bien n’avait-elle que
rêvé ? Non, pas un rêve, elle se souvenait encore de son odeur, de sa
douceur, de son rire si chaleureux. De son regard, coquin, joueur, amoureux.
Oui, elle l’avait aimée, toutes ces étreintes passionnées, toutes ces nuits
câlines, tous ces moments de complicité, elle ne les avait pas
simulés. Mais alors pourquoi ? Parce qu’elle avait été jalouse, parce
qu’elle sentait que Cassie lui échappait, lui mentait. Elle ne l’avait vu que
trop tard, et elle n’avait pas su y faire face.
Cassie, son bel amour, son premier amour,
cette femme qu’elle a retrouvée après toutes ces années de silence. Comment en
étaient-elles arrivées à vivre cet amour, elles que tout opposait ? Leur
vieille amitié ? Leur évidente attirance, qui avait traversé les années
sans prendre une ride ? Elle l’ignorait, mais, irrémédiablement, elles
s’attiraient, se complétaient. Tant de passion, de feu, de sensualité, de
complicité. Et Cassie avait douté… Elle avait agi avant de réfléchir, et pour
échapper à son père, elle avait proposé d’emménager avec elle. Les doutes étaient venus, mesquins, vicieux, tapis dans son cœur depuis
des années, et que son entourage alimentait… Elle n’avait rien pu y faire, elle
avait assisté, impuissante, à la dérive de son amante. Elle retournait vers les
hommes, parce que son Eglise le voulait, parce que ses amis le voulaient. Et
Cassie, s’était-elle demandé ce qu’elle désirait ? Les crises étaient arrivées,
les confrontations, les mensonges de Cassie, les scènes de ménages, les
retrouvailles, puissantes, charnelles, faites de promesses. Elle aimait
tellement Cassie, elle ne supportait pas de la voir partir, se détourner
d’elle. Et elle avait franchi la limite. Elle ne se souvient plus quand
exactement, un peu après nouvel an peut-être, un soir, un matin, elle ne
saurait le dire, mais elle se souvient de sa tristesse, de son désespoir, et de
sa rage. D’où venait-elle, cette rage ? Elle ne l’avait jamais eue
auparavant, pourtant, Cassie n’était pas la première femme qu’elle aimait. Elle
d’habitude si douce, si tendre, elle se retrouvait face à ses pulsions, si
violentes, si destructrices. Et Cassie avait pris les coups, rapides, meurtriers
presque. A chaque mensonge, des coups en retour. Les crises étaient terribles,
les murs tremblaient, et sa fureur se décuplait alors. Elle avait essayé de
retourner les coups contre elle, ou contre le mobilier, mais à chaque
tentative, Cassie s’interposait…
C’était il y a quoi ? Un an ?
Deux ans ? Peu importe, plus jamais cet enfer, plus jamais cette haine, plus
jamais cette souffrance…
Une larme roula sur sa joue, alors que son
cœur cessait de battre…
De qui est-ce que tu parles?
RépondreSupprimerTu le sauras dans quelques temps. J'ai besoin de temps pour pouvoir en parler plus en détail.
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