lundi 1 juin 2015

L'Enfer

En février 2007, trois ans après des évènements tragiques, qui parfois hantent encore mes cauchemars, j'ai écrit ce texte. Quand je me sentirai prête à en dire plus, j'expliquerai pourquoi j'ai écrit ce texte. A l'époque, je n'avais pas su trouver de titre plus adéquat, je n'ai toujours pas trouvé.
 
 
 
L’enfer

 
Un rayon de soleil traversa la chambre, et son visage fut inondé. Elle cligna des yeux et les ouvrit péniblement. Se lever lui demanda un effort considérable, et à peine fut-elle debout que le plancher se déroba sous elle. Elle eut juste le temps de se rendre dans la cuisine et de se pencher sur l’évier avant que tout ce qu’elle avait ingurgité la veille ne remonte. Elle fit couler de l’eau afin d’évacuer ses vomissures, puis s’assit à même le sol. Le carrelage froid lui fit du bien, en ce chaud  après-midi de juillet. Encore un de ces lendemains d’hier, pénible, vacillant. Ces jours-là, elle n’avait plus ses repères, bien qu’au fond, elle n’ait jamais vraiment eu de repère… Elle leva la tête, cherchant la pendule murale. 15h00 déjà, elle se décida pour une douche réparatrice, puis si son corps le permettait, un petit footing dans la forêt.

 

L’eau qui coulait agissait pour elle comme une purification. A vingt-cinq ans, sa vie n’était qu’excès, alcool, drogues, elle prenait tout ce qui pouvait lui faire échapper à l’enfer d’être vivante. Pourtant, dans son mode de vie apparaissait un grand paradoxe, car si toutes les nuits, elle cherchait la mort,  le jour venu, elle prenait soin d’elle, faisait du sport, mangeait équilibré… En réalité, elle ne cherchait pas vraiment la mort, elle souhaitait simplement que cette souffrance cesse, et jusqu’à maintenant, les paradis artificiels étaient les seuls échappatoires qu’elle avait trouvés.

 

Elle sortit de la douche, et entourée de son linge de bain, elle s’approcha de son lavabo. Le miroir qui le surplombait était tout embué ; d’un geste de la main, elle essuya la vapeur, et se regarda. Elle se trouva face à deux magnifiques yeux noirs, deux perles qui avaient perdu leur étincelle. A quand cela remontait ? Un an, peut-être deux, elle n’était plus sûre de rien. Une éternité en fait. Depuis la perte de Cassie.

 

Quand l’avait-elle perdue ? Elle ne le savait plus trop, mais l’avait-elle vraiment eue, ou bien n’avait-elle que rêvé ? Non, pas un rêve, elle se souvenait encore de son odeur, de sa douceur, de son rire si chaleureux. De son regard, coquin, joueur, amoureux. Oui, elle l’avait aimée, toutes ces étreintes passionnées, toutes ces nuits câlines, tous ces moments de complicité, elle ne les avait pas simulés. Mais alors pourquoi ? Parce qu’elle avait été jalouse, parce qu’elle sentait que Cassie lui échappait, lui mentait. Elle ne l’avait vu que trop tard, et elle n’avait pas su y faire face.

 

Cassie, son bel amour, son premier amour, cette femme qu’elle a retrouvée après toutes ces années de silence. Comment en étaient-elles arrivées à vivre cet amour, elles que tout opposait ? Leur vieille amitié ? Leur évidente attirance, qui avait traversé les années sans prendre une ride ? Elle l’ignorait, mais, irrémédiablement, elles s’attiraient, se complétaient. Tant de passion, de feu, de sensualité, de complicité. Et Cassie avait douté… Elle avait agi avant de réfléchir, et pour échapper à son père, elle avait proposé d’emménager avec elle. Les doutes étaient venus, mesquins, vicieux, tapis dans son cœur depuis des années, et que son entourage alimentait… Elle n’avait rien pu y faire, elle avait assisté, impuissante, à la dérive de son amante. Elle retournait vers les hommes, parce que son Eglise le voulait, parce que ses amis le voulaient. Et Cassie, s’était-elle demandé ce qu’elle désirait ?  Les crises étaient arrivées, les confrontations, les mensonges de Cassie, les scènes de ménages, les retrouvailles, puissantes, charnelles, faites de promesses. Elle aimait tellement Cassie, elle ne supportait pas de la voir partir, se détourner d’elle. Et elle avait franchi la limite. Elle ne se souvient plus quand exactement, un peu après nouvel an peut-être, un soir, un matin, elle ne saurait le dire, mais elle se souvient de sa tristesse, de son désespoir, et de sa rage. D’où venait-elle, cette rage ? Elle ne l’avait jamais eue auparavant, pourtant, Cassie n’était pas la première femme qu’elle aimait. Elle d’habitude si douce, si tendre, elle se retrouvait face à ses pulsions, si violentes, si destructrices. Et Cassie avait pris les coups, rapides, meurtriers presque. A chaque mensonge, des coups en retour. Les crises étaient terribles, les murs tremblaient, et sa fureur se décuplait alors. Elle avait essayé de retourner les coups contre elle, ou contre le mobilier, mais à chaque tentative, Cassie s’interposait…

 

C’était il y a quoi ? Un an ? Deux ans ? Peu importe, plus jamais cet enfer, plus jamais cette haine, plus jamais cette souffrance…

 

Une larme roula sur sa joue, alors que son cœur cessait de battre…

 

 

 
    

 

 

2 commentaires:

  1. De qui est-ce que tu parles?

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    1. Tu le sauras dans quelques temps. J'ai besoin de temps pour pouvoir en parler plus en détail.

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