En 1996, je suis tombée follement amoureuse. Nous passions
beaucoup de nos week-ends ensemble, elle avait un copain depuis plusieurs
années, et moi, je suis tombée sous son charme. Nous étions très proches, pas
deux meilleures amies, mais plus que ça. Elle flirtait clairement avec moi, et
vice-versa. En plus de notre entente, il y avait quelque chose de physique qui
nous attirait. Je me souviens avoir été au cinéma avec elle. Plus de 2 heures,
assises dans le noir, côte à côte. Et durant tout le film, elle m’a caressé
l’intérieur du bras. Quand les lumières se sont rallumées, je n’ai pas su quoi
faire, elle non plus. Je crois que c’est là que je me suis rendue compte à quel
point elle était importante pour moi.
Quelques temps plus tard, je lui ai dit que j’étais
amoureuse d’elle. Sur le moment, elle a été surprise. Nous étions dans un café,
et comme souvent, nos mains se touchaient. Au moment où je lui ai fait part de
mes sentiments, sachant qu’elle ne s’y attendait pas forcement, j’ai retiré mes
mains, qu’elle a rattrapées très rapidement, en me souriant gentiment. J’ai cru
un instant qu’elle et moi, ce serait possible, malgré nos 15 ans. C’était sans
compter le fait qu’elle a trouvé dieu auprès des évangéliques. Je suppose
qu’elle a eu droit à un lavage de cerveau fait dans les règles de l’art. En
quelques semaines, elle est devenue une étrangère. Ou je suis devenue une
étrangère, un vice, une maladie, une envoyée du diable qu’elle ne devait
surtout pas côtoyer. Je la croisais dans les couloirs du gymnase, et elle ne
m’adressait pas la parole, ne me regardait pas. C’est étrange, je n’ai aucun
souvenir de comment j’ai réagis à ce rejet. J’ai sûrement été vexée, blessée,
fâchée, mais je ne parviens pas à me rappeler.
J’ai quitté le gymnase et j’ai déménagé, pourtant, je ne l’ai
pas complètement oubliée. Après tout, elle a été la première femme que j’ai
aimée. Chaque année, pathétiquement, je lui envoyais une carte postale pour son
anniversaire. Je me souviens toujours de la date d’ailleurs, malgré toutes les
années qui ont passé. Chaque année, j’avais l’espoir qu’elle répondrait à ma
carte. Et chaque année, je ne recevais rien. Jusqu’à ce que… En mars 2003, en
rentrant du travail, un message m’attendait sur mon natel. Un sms, de sa part,
me demandant des nouvelles, me remerciant pour mes cartes. On a discuté
ensemble par sms interposés pendant quelques temps, puis nous nous sommes
envoyés des mails. Elle m’a parlé un peu d’elle, du fait qu’elle était fiancée.
Tout comme moi, elle était en dernière année d’apprentissage, à quelques mois
des examens finaux, et nous nous sommes encouragées mutuellement. A l’époque,
j’étais en couple avec ma toute première copine, et mes sentiments s’étant
estompés, je considérais sérieusement à la quitter. J’en avais parlé à Ma qui
m’avais dit de l’appeler le jour où je le ferai, car ce n’était pas un moment
des plus joyeux. A force de parler par mail, nous avons décidé de nous revoir.
7 ans s’étaient écoulés depuis qu’elle avait décidé de me rayer de sa vie. 7
ans durant lesquels j’ai pensé à elle, de manière aléatoire, par forcément
amoureusement.
Je me souviens de l’endroit où je l’ai revue : aux
abords de l’école professionnelle. Nous nous étions mal comprises et nous
n’étions pas sur la même route. Puis je l’ai vue, au passage piéton. Et un
sourire énorme s’est dessiné sur mes lèvres, sans que je puisse m’en empêcher.
Elle m’a dit, par la suite, que jamais auparavant, quelqu’un n’avait été aussi
content de la voir. Je lui ai fait la bise, et j’ai senti son odeur. Durant
toutes ces années, son odeur n’avait pas changé. Nous nous sommes vues
plusieurs fois, parlant de tout et de rien. Elle m’avait bien fait comprendre
qu’elle ne voulait pas savoir ce qu’il se passait dans ma chambre à coucher,
étant toujours opposée à l’homosexualité. Un soir où nous nous étions vues,
elle m’a demandé si elle pouvait prier pour moi, pour me remettre dans le droit
chemin.
Et un jour, elle a commencé à me poser des questions sur ce
que deux femmes pouvaient faire ensemble dans un lit. N’étant pas du tout une
experte car n’ayant eu qu’une copine, j’ai répondu du mieux que j’ai pu, sans
aller dans trop de détails. A force, et plus pour plaisanter qu’autre chose, je
lui ai dit qu’elle devrait plutôt essayer au lieu de poser des questions
auxquelles je ne pouvais pas répondre. Et c’est à ce moment-là qu’elle m’a
demandé, avec un sourire, s’il m’était arrivé de repenser à elle comme à
l’époque. Oui. Oui, je l’aimais encore. Elle me faisait vibrer. J’ai répondu à
sa question. Et une semaine après, nous avons passé la nuit ensemble. Cette
nuit-là a été le début d’un amour intense, douloureux, merveilleux,
destructeur. Mais la douleur et la violence de cette amour, j’en parlerai un
autre jour.
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