dimanche 2 août 2015

Harcèlement de rue

Il est 23h42, c’est le 1er août. Malade, je suis rentrée à pied après les feux, accompagnée d’une amie chez qui je dors ce soir. A 100 mètres de chez elle, trois hommes, alcoolisés, l’interpellent. L’un d’eux se montre particulièrement entreprenant, l’appelle par un prénom qui n’est le sien, essaie de l’attraper par le bras. Elle se décale et il continue de parler : « hey Nathalie ! Souviens-toi, t’étais tellement bourrée, je t’ai baisée. Je te prise par tous les côtés, tu as adoré ça, de tous les côtés et tu as reçu un orgasme ». On l’a entendu sur quelques mètres encore. Je n’ai plus dit un mot, connaissant mon amie et l’énervement et le ras-le-bol qui la submergeaient. Nous arrivons chez elle, toujours sans un mot. Elle enlève sa blouse et reste en débardeur. Elle part dans sa chambre et j’entends taper. Des paos. Des coups de coudes, de poings, de genoux. Et que personne ne vienne mettre en avant son habillement. Un pantalon, une chemise, un veste. Quelque chose de très sobre, qui ne montrait pas un seul bout de peau. Et même si elle avait été en jupe et débardeur, la façon de s’habiller n’est aucunement une invitation. Que les gens qui disent que telle ou telle femme a cherché les ennuis vu sa manière de s’habiller aient honte d’avoir de pareilles pensées, d’oser juger quelqu’un ainsi.
Dans quel monde vivons-nous ? De quel droit un homme se permet-il d’accoster ainsi une femme, de lui manquer de respect, de l’insulter ? Qu’on ose encore dire que le sexisme n’existe pas. Ces dernières semaines, elle m’a fait part hebdomadairement de ce genre d’incidents. Ça me mets hors de moi. Si j’avais eu le courage et la présence d’esprit, j’aurais dit quelque chose à ce mec. Je ne l’ai pas fait. Par peur ? Par lâcheté ? Je l’ignore. Et si j’avais eu le courage, aurait-il continué, en serait-il venu aux mains, aurait-il été surpris que je lui réponde et aurait-il cessé ? Ne pas se sentir en sécurité est terrible. Pourtant, ce genre de comportement existe encore. C’est intolérable.
J’aimerais me lever, aller la voir et la prendre dans mes bras pour lui apporter mon soutien d’une quelconque manière, lui dire que c’est rien. Mais ce serait mentir, ce n’est pas rien. C’est un fléau qui continue d’exister car nous vivons dans une société patriarcale où on append aux hommes qu’ils nous sont supérieurs, qu’ils valent mieux qu’une femme, qu’elle n’est qu’un objet. Et ce fléau perdurera tant que ce genre de comportements sera encouragé par l’éducation des parents, dans les clips, par les médias, par les films, par les articles de magazines. Nous ne sommes pas des objets, mais les hommes ne veulent pas l’accepter, le comprendre. Il y aurait encore tant à dire mais les mots me manquent. Ils ne sont pas assez forts pour dépeindre cette situation humiliante, rageante, intolérable.

3 commentaires:

  1. J'ai dû réfléchir avant de répondre... Reportant la situation à moi, je pense que j'aurais réagi de la même manière pour diverses raisons, 1) ils étaient plusieurs, 2) saouls, donc imprévisibles et 3) je n'ai pas de répartie. Bref je n'aurais pas tenté le diable en lançant une vanne, ni n'aurais tenté de me battre. Dans de telles situations, si tu choisis la voie "physique", soit tu es sûre de toi, soit tu es complètement à la masse et comme je ne suis ni l'un ni l'autre, j'aurais passé mon chemin. Je n'ose pas imaginer si en plus j'étais patraque, avec des nausées. Qu'une envie... arriver coûte que coûte à la maison. Bref, besoins et attentes divers.

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  2. Cela dit, c'est dégueulasse ce qui vous est arrivé. Je ne le souhaite à personne.

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  3. Merci pour tes commentaires. J'en ai parlé avec plusieurs personnes, et il y a des avis différents, évidemment.

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