lundi 2 novembre 2015

Maltraitances gynécologiques

La semaine passée, j'ai eu l'occasion de participer à un groupe focus pour une étude sur les lesbiennes et les bisexuelles et leur rapport avec leur gynécologues.

Tenue au secret sur ce qu'il s'est dit durant cette discussion, je ne vous parlerai pas des histoires entendues ce soir-là, mais d'anecdotes glanées sur le web, ainsi qu'auprès de mes amies et de mes connaissances (ainsi que de ma propre expérience, évidemment).

Le passage chez le gynécologue est de loin le pire moment à passer, tout médecin confondu. Devoir s'installer sur cette table, mettre les pieds dans les étrier et montrer son intimité à un parfait inconnu à de quoi déstabiliser, et mettre mal à l'aise. Puis vient l'examen, l'insertion du spéculum, métallique, froid, et cette phrase irritante: "détendez-vous, Madame". Ouais, c'est ça, je me demande si tu serais détendu avec un instrument pareil au fond de toi. 

Pour ma part, j'ai un médecin homme, il est donc clair qu'il n'a aucune idée de l'effet que le spéculum peut avoir. Pourtant, il semblerait, d'après ce que j'ai entendu autour de moi et sur le web dernièrement, qu'une femme gynécologue n'est pas forcément plus tendre.

Un sexe ou l'autre, il faut avoir un peu de chance pour tomber sur un médecin doux, attentionné et qui nous écoute.

En ce qui me concerne, j'ai consulté pour la première fois assez tard. J'avais 27 ans, et avant ça, je ne voyais pas l'utilité d'y aller. Puis, ayant une vie sexuelle assez active, je me suis dit qu'il serait peut-être temps de prendre rendez-vous. Mon toubib n'est pas un mauvais bougre, par exemple, lors de l'examen, je ne suis jamais complètement nue, lors de la palpation des seins, je garde mon pantalon, puis il me fait remettre mon pull et enlever mon pantalon pour monter sur la table d'examen. Pour moi, c'est un point positif. 

Il y a eu quelques couacs, cependant. Lors de mon premier rendez-vous, à la question "êtes-vous sexuellement active?", je lui ai répondu que oui, mais uniquement avec des femmes. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'il m'a dit "je suis honoré alors, je suis le premier homme". Je n'ai pas su réagir, tellement j'étais sous le choc. J'estime que ce n'est pas quelque chose qui se dit, même s'il le pense. D'autant plus que "mais qu'est-ce que tu en sais que tu es le premier homme, putain??". Et il ne l'était d'ailleurs pas.

Ensuite, chaque année, lors du traditionnel examen pour vérifier que tout aille bien, il me demande si je suis toujours lesbienne. Ah oui, ça n'a pas changé. Et chaque année, il veut absolument me faire prendre la pilule, soit disant pour mon confort personnel. Euh, navrée, mais je n'ai vraiment pas besoin de moyen de contraception.

En ce qui concerne mes amies, ou ce que j'ai lu à droite à gauche, quelque chose m'a frappé: la dureté des réponses de certains médecins aux questions qui leur sont posé.

J'ai dans mes amies une femme avec un léger surpoids. Il y a quelques années, elle essayait de tomber enceinte et son gynéco lui a clairement dit, et pas des plus tendrement que tant qu'elle serait aussi grosse, elle n'arriverait jamais à procréer. Je vous laisse imaginer l'état émotionnel de mon amie, d'autant plus que son poids n'était vraiment pas un problème, et que surtout, elle ne lui avait rien demandé quant à sa morphologie. Elle a changé de gynéco, trois mois après, elle tombait enceinte.

En ce qui concerne les lesbiennes et les bisexuelles, il y a un problème qui s'ajoute au manque de tact de certains de ces praticiens: le manque d'information sur la sexualité lesbienne. Personnellement, mon gynéco ne m'a jamais parlé des risques de transmissions de MST, alors que nous ne sommes pas à l'abri. Dans la même optique, certains partent du principe que puisque nous sommes lesbiennes, nous sommes vierges, ou nous n'avons pas de relations sexuelles. J'ignore encore si je dois rire ou pleurer d'un tel manque d'informations de leur part.

Il serait vraiment important que, lors de leur cursus, un module soit dédié à la sexualité lesbienne. Pour éviter le manque de tact, pour éviter de nous mettre encore plus mal à l'aise, pour éviter d'effrayer une gamine de 15 ans qui vient pour la première fois et qui ne sait pas trop comment dire qu'elle préfère les filles.

Il faudrait déjà commencer par changer cette phrase "avez-vous un copain" par "avez-vous un/e partenaire", ou autre chose qui montrerait que le médecin est ouvert et qu'on ne sera pas jugé.

Heureusement, en Suisse romande, il existe un site avec plein d'informations utiles pour les lesbiennes et les bisexuelles, notamment une liste des médecins gayfriendly.

En voici le lien, allez y jeter un oeil, que vous soyez homo ou hétéro: http://www.sante-plurielle.ch/

Je vous conseille aussi l'excellent roman Le Choeur des Femmes, de Winkler.

2 commentaires:

  1. Je confirme les femmes ne sont pas forcément plus douces, comme gynéco.

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